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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 12:24
ASSISES DE RUFISQUE, LES 7 RAISONS D’UN ECHEC QUI S’ANNONCE

“Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.” Tel est l’adage du jour. Alors levons nous…

Il y a quelques mois se décidait près du rive des bras ballants de Coumba Lamb, là-bas, sur l'esplanade du quartier Thiawlène, un quartier qui dit bien son nom « thiaaw lène » (tapez les), l’éducation qui père voudrait bien donner à un enfant bientôt millénaire. Que l’histoire le retienne comme tel ou pas, Rufisque n’est une ville nouvelle. Après le « piquenique » trompe œil de Thiawlène suivi d’un long exercice de consultation qui ne porte que le nom pour faire le bilan d’une longue vie de mascarade économique, sociale et institutionnelles et définir de nouvelles orientations capables de changer durablement l’avenir, il faut constater que, la réflexion inclusive de la ville de Rufisque, rien ne s’annonce.

Définissons…

Le terme même d’assises est trompe œil.

D’un bout de réflexion, du verbe s’asseoir, il signifie dans son transitif « Mettre quelqu'un sur son séant en le plaçant sur un siège ou sur une autre chose » et dans son intransitif « Faire asseoir quelqu'un, l'inviter à prendre un siège »…pour faire dans le vulgaire, poser ses fesses.

D’un autre bout, le terme désigne aussi un Congrès, une réunion plénière où est rédigé un acte législatif sous forme d'instructions à appliquer.

Prions pour que ce ne soit pas la première définition. Ce serait paradoxal de passer de Tenguej Jogna à Tenguej Togna.

Certes les conclusions sont à attendre, mais nous laissent-il vraiment un faible espoir de réussite. Je serai des plus heureux si demain, M. El Hadji Ibrahima Sall, l’homme prodige qui a pour mission, avec ses nouveaux amis, de réfléchir sur les différents problèmes de la ville et de leur trouver des solutions, comme il nous l’est présenté, nous font l’esquisse d’un plan de développement durable de la ville pour les vingt prochaines années.

Comment ? Une esquisse ?

Mon voisin me dit que nous ne voulons pas d’un tableau, l’ère des leurres est révolue. Nous voulons du vrai.

Il faut alors se demander si la promesse des assises est sur la voie de de la réussite tout simplement ? Les constats suivants ne forcent guère cette réflexion.

En premier lieu, rien ne filtre. Le citoyen ordinaire ne peut énoncer une seule orientation majeure des assises. Aujourd’hui Il n’existe pas une centaine de rufisquois qui peuvent dire quel est le contenu de ces consultations, malgré l’assentiment général positif qui a accompagné l’exercice très médiatisé des assises. Ce n’est pas rien pour des consultations d’essence populaire. Aux dernières nouvelles, la date de clôture des assises arrive à grand pas et aucune consultation sérieuse n’a encore vu le jour. A moins qu’elles ne se fassent sur les réseaux sociaux. Un conseil, le Groupe WAKH SA KHALAAT devrait faire l’échantillon.

En second lieu, mêmes les parties prenantes des assises n’ont pas la même compréhension du contenu des assises. Quand les communes que composent Rufisque ont déjà leur Plan de Développement Communal, hormis l’Ouest qui y travaille durement avec son fameux Cadre de concertation, il est bon de se demander la valeur qu’aura ce bout de papier qui naîtra des assises.

Comme troisième constat, notons l’absence notoire du Nord et du parti au pouvoir. Eh oui, les apéristes risquent de rater encore une fois une occasion de montrer aux rufisquois qu’ils ne sont intrinsèquement intéressés que par la destinée de notre ville. M. Mané et Mamaya Sène, « maires » de Rufisque Nord et M. Souleymane Ndoye, maître contesté du Département ont brillé par leur absence. Le Grand rassemblement rufisquois tant attendu n’a pas eu lieu.

Le quatrième constat relève de la place de choix qu'occuperait la conclusion des assises dans les dispositifs idéologiques et agendas portés par les acteurs politiques. Je ne peux m’empêcher de citer de noms. Je présente d’avance mes sincères excuses à ces messieurs. Je les cite souvent parce qu’ils ont eu l’audace de proposer une vision d’avenir de Rufisque. Je peux ne pas être d’accord avec leurs visions, mais ils méritent du respect. Dr Diouf et M. Cisse sont, il faut se l’avouer, les hommes forts du quinquennat de M. Daouda Niang. Ils ont tous les deux le mérite d’avoir présenté de très bons programmes lors des précédentes élections. Quelles valeurs auront la conclusion des assises à leurs yeux ? Ou vont-ils juste mettre aux oubliettes leurs fameux programmes ? Je vois d’ici la tête de ceux qui les accompagnent depuis des lustres dans la réflexion et la confection de leur programme respectif.

Le cinquième élément est que les bons senteurs d’un met en fin de cuisson ne caressent jusqu’à présent pas nos narines. Les premiers jours des assises ne semblent fournir aucune réponse devant les enjeux actuels qui se posent aux populations. Aussi bien sur la demande sociale que sur l’emploi et la croissance, les conclusions des assises se font attendre. En attendant la délivrance, les ambulants sédentaires du marché sont priés de plier bagages, d’entrer en Jeun, en espérant que leurs factures et loyers feront de même. Il me sera difficile de trouver les mots justes pour soutenir ces lascars… Les employés municipaux rabibochent à longueur de journée que les ambulants ne sont pas à plaindre, ils sont tous dans l’illégalité. Pour une fois, ils ont raison. Pour leur gouverne, c’est dans cette illégalité qu’ils ont payé des « impôts » depuis des décennies… Si illégalité il y a, c’est certainement dans les deux sens.

Le sixième élément est que les assises risquent d’être figer par un esprit de travail achevé. Convaincus par la beauté de l’œuvre, il ne sera pas rare d’entendre dire que les assises ont tout réglé. Ce dernier élément n’en est pas le moindre mal. Il renforce le piège d’un ghetto intellectuel, un cercle d’initiés convaincus, éblouis par la pertinence de leurs produits, mais ainsi figés et isolés de la réalité des repères totalement différents de la masse des citoyens qui ne pensent pas leur quotidien ou même le futur de leur ville par rapport aux assises. Quand on regroupe l’intelligencia rufisquois, il ne faut pas s’étonner que notre quotien soit regardé de haut. Cette mentalité de ghetto fera certainement que certains verront dans un tel article une impertinence pour ne pas dire un crime de lèse-majesté que de s’interroger sur le succès ou l’échec des assises. Si cette impertinence peut permettre de rectifier avant que cet échec ne soit réel, elle aura eu tout son mérite.

Septième et dernier élément, il faut bien que je m’arrête un jour. Je fustige l’argumentaire d’Omar Faye, Issa Thioro et Souleymane Gueye Cissé. Ces détracteurs des assises n’ont rien compris. Je peux accepter une critique adossée à la forme, mais pas sur le fond. Il est grand temps que Rufisque marche à l’unisson. Il y a certes des voies plus appropriées et moins coûteux pour aller vers l'élaboration d'un Plan de Développement Local, mais ce plan, il nous le faut. Quand je les entends dire que les "assisards" ne connaissent pas Rufisque et ses problèmes ou que tout simplement, certains ne sont pas des rufisquois, j’en ai les larmes aux yeux, tellement je ris. Je suis un fervent défenseur des Assises et pourfendeur des nihilistes politiques. A ceux-là, je sers un extrait de mon premier roman, Retour au pays, entre rêve et cauchemar.

Je suis

Stupéfait par ces gens qui critiquent,

Qui proposent,

Qui parlent de révolution,

Oui bien de révolution !

Et qui ne rêvent que d’une chose, c’est de voir « le patron »,

D’entrer en grâce ou de prendre sa place.

On est contre, on est avec le pouvoir,

On le soutient, on le combat, on se laisse corrompre, ou l’on résiste,

Et voilà !

Tout le débat, souvent, s’arrête là.

Les grandes questions de société, les questions cruciales de développement passent au second plan.

Le pourquoi de la désorganisation, de l’absence de progrès vient après.

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 17:22

latif.jpgCela n’a guère été facile pour moi de l'avouer et de l'exposer sous l'Art à palabres. Moi, journaliste d’investigation, éditorialiste de son état, au service de l’opposition pendant des années et censeur devant l'Eternel… Vous savez, quand vous n'avez pas de réelles responsabilités, vous croyez avoir toutes les réponses à tous les problèmes. Vous croyez détenir toutes les vérités. En tout cas, moi, je suis journaliste, citoyen exceptionnel. C'est moi qui distribue les bons et les mauvais points. Ma voix retentit en écho au quotidien, mes écrits font vibrer la presse et mes livres se vendent comme des petits pains. J’ai rempli les librairies et les salons de lecture de mes productions.

L’écrivain public premier de l’anti-wadisme. Rien que mon nom fait trembler les lois qui nous gouvernent. Mais, comme dit le proverbe : Quand on veut grimper aux arbres, il vaut mieux avoir son cul propre. Sous mes airs de probe, je cache une âme souillée… Je suis corrompu ; oui, perverti jusqu'à la moelle. Vous l'avez bien compris. Et je suis peut-être le pire de tous ; parce que les effets de ma corruption sont plus dangereux, plus dévastateurs. Car ma corruption est plus insidieuse et plus vicieuse, puisqu'elle agit directement sur la conscience. Et pour faire diversion, ma plume a vite fait d'épuiser le débat. Point final. Dans mon école de journalisme, j’enseigne l’éthique. Je dois avouer que je ne me donne pas en exemple à mes élèves. Les corrompus sont tout trouvés : les autres, notamment les corps à billets. Les pauvres poulets ! Il faut toujours qu'on les sacrifie, à la moindre occasion. Non, mais ça suffit ! Aujourd'hui, le miroir me renvoie ma propre image. Mon Dieu, quelle hideur !

Mes lecteurs d’hier m’accusent d’avoir usurpé l’étiquette d’éditorialiste et de journaliste d’investigation. Mes livres, Wade, un opposant au pouvoir : l'alternance piégée, Affaire Me Sèye : un meurtre sur commande, Une démocratie prise en otage par ses élites : essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal, Loterie nationale sénégalaise : chronique d'un pillage organisé, Contes et mécomptes de l'ANOCI, La république abimée ont été des purs produits d’un « Ctrl C » suivi d’un « Ctrl V ». Idy l’ambitieux, Niasse le mécontent et Bara Tall le désireux m’ont semblent t-il fourni les documents nécessaires. On entend du tout à travers les médias. Qu’est ce qu’il en est ? Depuis quand copie-t-on tout un livre ? Mes camarades de lutte d’hier m’accusent de malhonnêteté intellectuelle. J’étais des Assises, membre du M23 et amis des « Y’en à marristes ». Ces mêmes amis qui me critiquent aujourd’hui. Ils sont juste naïfs. Je leur souhaite de passer quinze ans dans l’ombre du quatrième pouvoir, ils comprendront le Yoonu Yokkuté

Vous aurez compris qui je suis : le Clown du Maquis, un opposant au pouvoir.

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 02:28

religion-copie-1Que doit la crise africaine actuelle à ses histoires coloniales ? 

Alors que les indépendances datent d’un peu plus d’un demi-siècle, le poids des anciennes métropoles continue de marquer l’Afrique sur tous les plans, du tracé des frontières et des principales voies de communication aux relations économiques, politiques et culturelles. L’Afrique a depuis toujours subi un chapelet de dominations, européenne, arabe et peut être maintenant chinoise. Honnêteté intellectuelle oblige, nous reconnaissons notre manque d’implication pour un réveil de l’Afrique. Nous reconnaissons les limites de nos ambitions pour sortir le continent du chaos dont il git, nous reconnaissons… qu’en cinquante ans, l’Afrique a eu largement le temps de construire sa propre histoire.

Pourtant nul besoin de se parer d’Alain Afflelou pour se rendre compte que 35 pays sont aujourd’hui en conflit dans un continent qui semble avoir décroché dans la mondialisation et le développement. A qui la faute ? Nous n’avons pas besoin de nous retourner pour voir la vérité. 

Le premier problème de l’Afrique reste son manque d’unité. Nous avons péché depuis le début. Notre obstination à rester désuni a précipité les malheurs du continent. C’est de là qu’est venue l’hécatombe qui s’abattit sur nous.

Mais tel un chapelet, le châtiment fut multiple, après notre manque d’unité, l’Islam et le Christianisme furent de ces châtiments, puis le colonialisme.

J’entends d’ici les « soub-khaana-lah » de certains. En Dieu je crois, Mohamed est son envoyé. Toute ressemblance avec un culte existant ailleurs ne serait que pure coïncidence…Les critiques fusent de partout depuis mes dernières publications, je m’empresserai de porter la veste de je-m’en-foutiste et de dire « Only God Can Judge Me… »

J'affirme sans équivoque que la rencontre entre les religions d’ailleurs et les Africains sont la cause du retard économique du continent africain par l’action néfaste des prosélytes arabes et européennes. Leur colonialisme et sa dimension capitaliste n’ont fait qu’enfoncer le clou qui nous retient allongé et coincé dans le tombeau de la misère.  

Bien que combattu de tous les cotés en Afrique noire, le christianisme et l’islam triomphèrent. La faute à qui ? Pas besoin de voir plus loin les fautifs.

L’absence d’un combat unitaire du peuple noir a précipité cette première défaite de notre histoire. Les relations commerciales qu’entretenaient depuis des siècles un peuple frère, le peuple africain, se métamorphosaient en guerre et conquête. A la guerre présupposée aux arabes et européens pour refuser l’installation des ces religions importées, pris place des conflits entre les ethnies africaines au nom de la religion. L’Africain versa le sang de son frère au nom d’une religion qui vient d’ailleurs. Ces deux cultes sont à l’origine des guerres fratricides et des premiers sanglots en Afrique noire. Plus jamais les Noirs ne retrouveront l’unité face à l’agresseur commun. Cette incapacité à s’unir leur est fatale. Ce qui précipita la chute de nos empires qui désarticulés, s’efforçaient de se reconstruire sous d’autres noms.

Pauvre Afrique, nous voila gisant à l’âge des déraisons. Pour justifier ce chaos, les colonisateurs nous proposent des concepts aussi déplacés les uns que les autres : « la mal gouvernance » ou l’« inadaptation à la modernité », ou bien la « difficulté de concilier tradition et modernité ». Et pour guérir nos maux, il nous targue de nous lancer dans la « reconversion des mentalités », la belle et savante expression.

Je ne nie pas les places importantes de la traite négrière, la colonisation, et la néocolonisation dans les perles du chapelet des châtiments qui nous maintiennent au stade primitif, mais elles restent moindres.

Les maux sont pointés du doigt, la solution est autant visible.

Dieu serait tout sauf Noir, à en croire certains. Nous avons, depuis des siècles tout emprunté, tout singé, même les dieux des autres. 

Voilà en effet un continent dont la vie spirituelle est totalement emprunté aux peuples conquérants qui l’ont soumis : le christianisme et l’Islam. Déposées par le vent de la conquéte et de la domination, ces deux Grandes Religions se sont imposées par les armes marquant notre capitulation spirituelle, contraignant nos corps, capturant nos âmes et rangeant nos dieux dans le tiroir des oubliettes. En assistant à l’assujettissement spirituel de son peuple par les pasteurs blancs et les barbus du monde arabe, le héros de Chinua Achebe  a raison de dire que « Le monde s’effondre ». 

La pire des défaites qui puisse consacrer l’anéantissement d’un peuple, est sa capitulation spirituelle.  Entre deux canons, l’Afrique a délaissé  l’humanisme animiste pour ceux islamique et christianiste, si vous me permettez ce mot. 

L'Afrique se retrouve ainsi dans les tenailles d’une spiritualité floue, désordonnée et finalement peu apte à répondre à ses angoisses métaphysiques et à résoudre les multiples contradictions que les défis de la modernité dressent sur son chemin. 

A la question du salut des âmes, seul l’Afrique reste seule sans voix. L’Asie répond par les réponses pensées par Bouddha ; les peuples du monde arabe et du Moyen Orient, par les enseignements de Mahomet ; l’Occident, par ceux de Jésus-christ. Et les Africains ?... 

Ballottés entre les résidus de l’animisme qui, par manque de penseurs et de théoriciens, n’a jamais su renouveler ses cultes et les enseignements pas toujours bien compris, parce que étrangers à nos expériences du monde, du christianisme et de l’islam, nous africains passons de sectes en sectes, de pratiques cultuelles en pratiques cultuelles, sans réelle base spirituelle. Le résultat de tout cela donne un peuple fragile, désorienté, manquant de ressorts intérieurs, éprouvant de la gêne, sinon de la honte à assumer notre propre héritage spirituel que nous tentons de camoufler dans les pratiques cultuelles imposées par ceux qui nous ont soumis : tout bon chrétien a son crucifix ou une représentation de la Vierge Marie accroché (e) à un mur de sa maison ou de son bureau, son chapelet qu’il égrène avec une furieuse ferveur en récitant les versets de la bible ou du coran, pour le musulman. 

Ces objets le rassurent dans sa tentative d’accéder au divin ; par eux, il se sent lié au sacré. Mais ces mêmes africains chrétiens et/ou musulmans, vous diront que les perles de la prêtresse komian ou la statue que la grand-mère garde au chevet du tara sont des œuvres du démon ! Des amulettes sur lesquels ils jettent de la suspicion et un mépris souverain ; cette suspicion et ce mépris que le pasteur, le prêtre ou le grand Imam du quartier leur ont appris à jeter sur les objets cultuels de représentation hérités de leur vraie tradition religieuse. Les Africains chrétiens ou musulmans ont du mal à accepter que le chapelet soit une amulette ; or il l’est en effet. Ils ont du mal à comprendre que le crucifix parce qu’il n’est qu’un objet en lequel le croyant a investi un pouvoir est lui aussi, sur le strict plan définitionnel, une amulette ; c’est-à-dire un objet qui nous sert de médium entre nous et le divin. Cette disposition d’esprit débouche souvent sur des comportements naïfs, voire ridicules, que l’on retrouve même chez les plus ‘‘ évolués’’ d’entre nous : hautes personnalités politiques, intellectuels de renommée, hauts cadres de l’administration, etc. Par exemple : les chrétiens africains font le pèlerinage en Israël ou à Lourdes pour y ramener de… l’eau. 

On leur a fait croire et ils croient effectivement en cela que c’est de l’eau bénite. Ces mêmes chrétiens africains refusent de croire que Dieu ait pu bénir l’eau de la rivière sacrée de leur village, et que les ancêtres ont sublimée depuis des siècles ! Demandez-leur d’aller prendre aussi un peu de cette eau sacrée de leur village pour venir en ville, ils vous traiteront de démon ! Demandez-leur de prier Dieu en se servant du collier de perles qui est bel et bien un chapelet bossoniste ou des cauris de la komian ; ils vous regarderont d’un regard suspicieux, mauvais et farouchement désapprobateur. Parce que le maître blanc ou arabe leur ont appris que ces objets cultuels hérités de leur culture la plus authentique, sont des œuvres du démon ! L’Afrique spirituelle, à leurs yeux, doit être chrétienne ou musulmane. Mais pourquoi donc Dieu bénirait-il seulement l’eau des autres (...) et non pas aussi nos eaux à nous ? Pour quelle raison ferait-Il de la discrimination entre les eaux ? (...) 

Il m’a fallu lire et relire Tiburce Koffi que je remercie au passage pour cette belle leçon de pensée, pour le rejoindre dans ses interrogations. Que gagnerait Dieu à disqualifier nos eaux ? Pourquoi ? Les mains des artisans qui fabriquent les statues marchandes de la Vierge Marie sont-elles plus pures que celles des artisans de nos villages qui ont créé les statues que nos ancêtres ont vénérées et que nous avons rejetées parce que les conquérants, ceux (qui nous ont vaincus) nous ont dit que c’étaient des objets maléfiques ? Poussons la série d’interrogations jusqu’au bout : pourquoi donc serait-ce à eux seuls que le Grand maître de l’Univers, celui-là qui est au commencement de tout et par qui toute Justice est possible, révélerait Sa Parole, et non pas à nous aussi, peuples noirs ? Nous qui, par l’animisme, avons su véritablement décréter Son omniprésence (dans l’air, le feu, l’eau, le souffle du vent, « le buisson en sanglot », etc.) ? Sommes-nous coupables à ses yeux de n’avoir inventé ni le canon ni la poudre ?... Un peuple qui se renie, jusqu’à sa propre spiritualité, peut-il survivre aux agressions extérieures ? Notre réponse est sans équivoque : non ! On le voit : c’est à une véritable opération d’ajustement spirituel que devront s’atteler les Africains, s’ils veulent sortir de leur état de dépendance choquante. Car un peuple sans spiritualité propre est un peuple fragile, ouvert à tous les échecs, et livré aux fantaisies et appétits nocifs de tous les prédateurs.

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 00:58

afrique.jpgEn réponse aux malversations d’Ansardine au Mali et très probablement bientôt dans toute l’Afrique, un éclaircissement s’imposait. Avant tout, l’Islam n’est pas la religion d’un peuple ni d’une race contrairement à ce que ce peuple qui l’a vu naitre sur ces terres veut nous faire croire. A sa naissance, la religion de Mohamed se présentait plutôt comme un universalisme, s’adressant à tous les hommes, sans distinction de race, de sexe, d’origine… Les fondamentaux que d’aucuns préfèrent appeler « les piliers » sont aux nombre de cinq et se résument à la profession de foi en l’unicité de Dieu et en la mission prophétique de Mohamed, les cinq prières quotidiennes, le jeûne du mois de ramadan, l’aumône légale et le pèlerinage à la Mecque pour quiconque en a les moyens. Dans le livre de chevet du musulman, lu ou psalmodié dans une même langue, dans tous les pays où inspire et expire un adepte de la religion de Mohamed, avec la conscience des mêmes raisons irréfutables de croire à son origine transcendante et divine, le coran proclame l’égalité de tous les hommes et cimente leur union. Les quatorze siècles, la voix de l’islam les a traversée sans rien perdre de l’actualité de son message tout en réglant tout acte de la vie culturelle, intangible, d’une part, et toute conduite sociale susceptible d’adaptations, parce que conditionnée le plus souvent par les temps et les lieux, d’autre part. La tradition prophétique (sunna) expliqué par les récits (hadiths) est une source essentielle de la compréhension du Coran. Jusque là, tout musulman devrait être d’accord. Nul besoin d’avoir fait de longues études pour savoir que la religion est pareille à l'eau, elle prend la forme du vase qui la contient… Malgré le sens communautaire et unitaire que revendique les théoriciens de l’Islam, malgré la volonté des musulmans de rester unis, cette religion avait trouvé, aussi bien en Arabie (shi’isme ou sunnisme), que dans les autres pays où elle a fleuri, d’autres croyances, d’autres structures sociales et politiques, d’autres systèmes juridiques et culturels, d’autres pratiques ethniques, et d’autres mœurs. Devant leur résistance, l’Islam venue d’Arabie s’est fait persuasif, il a assoupli sa démarche et assimilé certains usages, sans les déraciner tout à fait. Et ces faits n’ont pas manqué de donner une certaine coloration à la pratique de l’Islam chez les uns comme chez les autres en ayant recours éventuel aux coutumes extra-islamiques, afin de mieux servir l’intérêt général. Ce qui argumente l’hypothèse d’un Islam noir en Afrique. Au Sénégal et dans une partie de l’Afrique de l’ouest, l’islam prôné par Cheikh Ahmadou Bamba ou El Hadji Malick (pour le Tidjania) est le prolongement négro-africain du sunnisme almoravide. L’ouverture juridique de cette école pavera la voie à la fondation du Mouridisme qui se situe dans la ligne soufie transmise par la confrérie Khadiriyya. Fidèle à cette tradition soufie, A. Bamba a encouragé ses fidèles à accorder la priorité à l’éducation, à la récitation du Coran, à l’étude de la Loi islamique, aux mathématiques et aux langues. Ses poèmes et commentaires du Coran sont en accord avec la pensée islamique. Mouridillahi veut dire ceux qui vont vers Dieu. Il disait lui-même « Je n’ai rien créé de neuf, je n’ai fait que suivre les recommandations du Prophète ». Alors pour la plupart des musulmans au Sénégal, la tradition islamique est bien là. Dans la parole d’un saint homme qui n’a fait que raffermir l’Islam de son pays, menacé par l’intégration coloniale, en devenant selon ses propres mots le « Khadim Rassoul », le « serviteur du prophète » en Arabe. Le Cheikh a laisse la religion s’imprégner de la culture negro-africaine. Cette œuvre religieuse a été reçue comme telle, mais s’est modifiée pour s’adapter au nouveau contexte de sa réception. De cette lecture/relecture naîtra un islam négro-africain. Un islam qui lit le même Coran en arabe, qui suit les mêmes enseignements du prophète Mohamed, mais dont la pratique religieuse quotidienne a pris une nouvelle couleur locale. L’islam disposait en effet de l’écriture arabe et d’un Livre saint. Les Africains de la vallée du fleuve Sénégal avaient eux aussi leur culture et leurs religions, mais n’avaient ni écriture ni Livre saint. Le « nouvel » islam qui se développera au Sénégal et dans une bonne partie de l’Afrique noire, lira le même Coran en langue arabe, suivra également les enseignements du même prophète Mohamed, mais aura une pratique religieuse quotidienne adaptée au monde africain ou encore ce que Engels appelle « le jeu de l’action réciproque ». L’Islam, dans le monde entier est pratiqué de moult façons, avec des fondements ou piliers qui restent les mêmes. Je pourrai en dire autant pour le Christianisme, mais c’est un domaine que je maitrise moins. Jusqu’ici, rien d’étonnant. Toute religion se peint de couleur locale. L’Islam subit ainsi son africanisation. Ne vous étonnez pas de voir des pratiques religieuses aux Ameriques, en Asie ou ailleurs qui diffèrent des habitudes connues. Je fus autant étonné quand j’ai vu des adeptes entrer dans une mosquée au Maroc, avec leur chaussures et prier avec... L’Afrique avait ainsi réglé les incompréhensions qui pouvaient naitre de la religion nouvellement débarquée, avec une stabilité constatées. Nonobstant ces faits, le continent africain se trouve confronté aujourd’hui à une vague d’intégrisme alors que l’on pensait que le continent avait déjà fait le tour de la question religieuse en trouvant un certain équilibre dans la manière de vivre ses croyances. Pour répondre à cette question, il est important de prime abord de se mettre dans le contexte globale, car avec les crises économiques qui secoue le monde occidentale depuis quelques années, l’Afrique, continent riche en ressources reste une véritable aubaine, la cible des intérêts protagoniste occidentaux. La déstabilisation de l’Afrique d’une manière directe ou indirecte, contribue à l’économie de guerre. Des états Africains dotés d’institutions fortes, sont un frein au retour à la santé économique occidentale. La formule machiavélienne selon laquelle il faut dominer pour mieux régner est l’essence même de la situation qui prévaut en Afrique de nos jours. Le Mali en est le parfait exemple. Pourquoi un pays qui était sur le chemin de se bâtir des institutions fortes avec un dirigeant comme A.T. Touré, qui s’apprêtait à passer la main, a sombré dans ce tourbillon d’instabilité politique ? La réponse st sous nos yeux. Les ressources pétrolières du nord du Mali ainsi que l’uranium du massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, au nord de Kidal, engendres des convoitises de bien mauvais alois. La malédiction de l’or noire, de plus en plus présente dans ces pays pauvres qui se sont vus gâtés par la nature s’installe. Pour rappel, l’instabilité s’est aussi manifestée avec un ordre obscur de profit ou s’évertue à régner dans ce chaos au Congo, en Côte d’ivoire, en Libye, ou encore au Sud Soudan. À qui profite le crime devrait être la question que tous les Africains devraient se poser plus que jamais, avant de continuer à s’entretuer pour des raisons bien éloignées des véritables objectifs. Marionnettes qu’ils sont, des adeptes du malthusianisme démographique, tapis dans l’ombre. Entre les mains de qui tombera une Afrique dépeuplées de ses populations pour cause de guerres ? Si on se fie à l’écrivain Hubert Elingui Marlin Jr, vu de ce qui précède, Sembene Ousmane dans Guelwaar perçoit les religions révélées non pas comme des religions, mais comme des destructrices de croyances. Il ne fait aucune distinction entre le sacré et le profane. La destruction des vestiges religieux historiques au Mali sont un exemple révélateur, pourquoi est-ce que des sois disant musulmans, s’attaqueraient aux autres musulmans, n’y a-t-il pas là, une volonté manifeste d’asservir un peuple et lui enlever tout ce dont il pourrait être fière ? Aussi bien que tout point de repère ? Pour, le cinéaste et écrivain sénégalais de regrettée mémoire, l’inculturation des premières par l’acculturation des populations autochtones n’est qu’apparence, dans l’esprit des personnages qui restent plus que jamais enracinés dans leurs terreaux culturels. « La pénétration des civilisations chrétiennes et islamiques en Afrique a eu des conséquences pernicieuses et aliénantes sur les populations. Elle a, en même temps, entraîné un bouleversement des valeurs morales et un recul progressif des bases des religions africaines. Ces religions concourent non seulement à l’appauvrissent la religion traditionnelle authentique, mais aussi constituent des sources de division sociale et de stérilisation de toutes les idées novatrices et progressistes ». Les Africains devraient retourner l’aune de leurs croyances ancestrales, ou tout au moins revisiter les principes les régissant, et essayer de les mettre à jour dans une espèce de re-culturation, d’autodétermination de la foi ; car à bien des égards on est que ce qu’on croit. Les pratiques culturelles d'ailleurs ne sont pas nôtre et au prix de notre vie, il est de notre devoir d'y resister.

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30 juillet 2012 1 30 /07 /juillet /2012 03:42


tombouctou.jpgIl est de ces vérités qu’aucune âme intègre ne saurait taire. Il est de ces vérités  qu’au prix d’une vie, l’honnêteté devrait crier haut et fort.

Ce qui me connaissent le confirmeront, je n’ai rien d’un Cheikh  autoproclamé dans un coin du désert encore moins d ‘un érudit avec une barbe tutoyant le sable fin, mais je hausse ma voix-vuvuzela qui tonne un « Allah Akbar » pour revendiquer l’islam comme ma religion de salut, une religion d’amour et de tolérance.

De ma petite case, du haut d’un immeuble de Bobigny, loin des massacres qui troublent le calme habituel des ruelles historiques de Tombouctou, je me fais pourfendeur de tous ces pseudo-musulmans qui travestissent l’islam et en font au yeux du monde un anarchisme risible, un fanatisme débridé ou un rigorisme obtus.


Je parle au nom de la religion à laquelle je me dévoue. Je suis pour être le fer de lance de mes frères et sœurs meurtris.

Que ceux qui savent me pardonnent mon  audace et excusent mon ignorance, que ceux qui s’étonnent me laisse m’expliquer, que ceux qui me comprennent me rejoignent dans la lutte ; mais je saurai me taire. Mes mots ne sont et ne sauraient être que la réplique et la contradiction d’un profane indigné et révolté par l’atteinte à l’image pacifique et non contraignante de ma religion, mais aussi la clé de voute de tout mon amour pour l’Afrique et mon rêve d’unité du continent. Des mots pas anodins parce que s’inscrivant largement de l’enseignement de ceux qui savent : "Certains d'entre eux sont trompés par les guerres saintes qu'ils ont effectuées et ils s'acharnent contre les êtres. Ils effectuent des raids continuels dans l'unique but d'obtenir de l'honneur et de la richesse. Ils prétendent ainsi élever la voix d'Allah alors que leur objectif n'est que la célébrité et la richesse. Ils en reviennent lourds de pêchés et de défauts qui couvrent toute leur armée". Le Cheikh du Mouridisme que je ne cesserai de louer, avait encore une fois porté ses habits trempés de sagesse pour nous conter ces vérités dans Massalikul Jinaan, vers 795-798.

Que les sceptiques se renseignent, que les dubitatifs ouvrent leurs yeux et s’imprègnent. Iqra' bismi rabbika'lladhi khalaqa a t’il dit, dans le Saint Coran.

Le profane, que je suis, a appris de ceux qui savent que l’Islam n’est pas une religion de contraintes qui doit être imposé à la pointe de l’épée ou à coup de cravache, surtout pas à force de démolition de repères historiques.  Mais que l'Islam est une religion basée sur l'amour et la compassion, qui appelle à la paix et favorise la sincérité et l'honnêteté absolues envers Allah.

Une religion de liberté m’a t’on appris quand je faisais mes classes à l’école coranique. Contrairement aux chapelles djihadistes qui confondent l’amour de leur propre vérité à la Vérité, on est et doit être un musulman avec sa propre volonté, son aspiration, avec son cœur et son âme à travers la satisfaction de sa conscience personnelle : « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroit au rebelle tandis qu'il croit en Allah saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient ». (Sourate al-Baqara, 256).

Dès lors, je ne peux pas souscrire à l’islamisme (Oh combien je déteste ce mot) à la pointe de l’épée ou à coup de cravaches tel que pratiqué au nord du Mali  par Ansardine ou plutôt des « ânes en sardine » auquel je dénie toute légitimité et tout crédit au nom d’Allah fouetter des jeunes pour avoir fumer, jouer au foot, regarder la télé… surtout de démolir des mausolées et de détruire des lieux de culte.
 Inconcevable, insupportable et inacceptable.

Que serait l’Afrique sans le Mali ? Que serait le Mali sans Tombouctou ? Que serait Tombouctou sans ses mausolées ?

L’Afrique noire risque, comme à son accoutumé, de rater l’occasion de montrer son unité. Quand le Mali brule, l’Afrique s’étouffe par la flamme qui émane du feu de la honte. Devons nous laisser ce pays, qui fait tant notre fierté, ce pays témoin de la grandeur historique de l’Afrique se consumer à petit feu ?

Si nous, l’Afrique, ne réussissons pas à sauver nos frères et sœurs des griffes de l’ignorance, nous pouvons dés à présent cesser de rêver et nous inscrire définitivement sur la courte liste des pays qui ne feraient point de mal au monde s’ils s’effaçaient du globe. Soyons sûr d’une chose, quand l’islamisme aura vaincu au pays de Soundjata, il étalera ses tentacules dans toute l’Afrique.

Au moment où l’Islam est en voix de recouvrer sa véritable identité de tolérance et d’ouverture après une longue période de diabolisation et au moment « ALLAHOU-AKBAR » est devenu en lieu et place des kamikazes l'arme la plus puissante des opprimés et des déshérités contre les dictatures corrompues, les despotismes aveugles, les tyrannies sanguinaires, il est inconcevable, insupportable et inacceptable qu’une poignée de fanatiques bornés et instrumentalisés, bien qu’armés jusqu’à la barbe rament à contre-courant des fondements de l’Islam, de l’humanité et tente d’obstruer le progrès et l’évolution, pour ne pas dire la Révolution, du monde musulman. 
Il est de notre devoir de les combattre. Ne laissons pas seuls, nos frères et sœurs maliens la lourde tâche de combattre cet ennemi commun qu’est l’obscurantisme.

Ce combat est nôtre, nous les africains. En tant que musulman, en tant qu’africain, nous nous devons d’être en mission, au nom d’une unité africaine, au nom du devoir sacré de défendre l’Islam de porter la contradiction, non par le sabre et le canon, mais par la preuve issue du Coran et de la Sounnah. Et si hélas, ces vérités ne suffiront pas à venir à bout de ces énergumènes, retroussons nos manches, attachons nos pagnes, houe et daba à la main et bottons ces égarés hors de chez nous.

 

 

Au Mali nous croyons, en l’Afrique nous nous dévouons, avec l’Islam nous nous ferons...

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 01:25

les-larmes-d-une-martyre.jpg

  Les Larmes d’une martyre pouvait bien s’intitulé Histoire d’une révolution africaine. Fini en 2010, et proposé à l’édition, cet ouvrage ne suscitait guère l’intérêt de certains, doutant de la possibilité d’une révolution africaine, lui octroyant un zeste d’utopie.

Des mois plus tard, suite à cet ensemble de contestations populaires qui se produisent dans une bonne partie de l’Afrique du nord, que certains s’amusent à appeler le Printemps arabe, des réponses favorables à la publication finissent par envahir ma boite aux lettres ; la révolution africaine était bien possible. 

A chaque fois que l’encre de ma plume titille l’immaculée de la feuille blanche, je m’efforce d’y laisser un témoignage nécessaire, de favoriser une prise de conscience, de faire en sorte que demain soit un autre jour. J’ai voulu précipiter pour ne pas dire annoncer, le sacerdoce de cette jeunesse africaine qui se meut à faire vaciller les coutumes et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives.

Thiaré, femme rebelle, femme belle, héroïne de l’ouvrage est membre du MJP, un regroupement de jeunes étudiants qui se rencontrent dans des cafés philosophique pour débattre. De là naitra l’idée de révolution.

Dans un pays où la femme a longtemps été écartée de la scène publique et des décisions de la vie sociale, dans une société fondée sur le modèle de la pensée masculine, dans un univers de réflexions phallocrate, Thiaré par sa simplicité, sa ténacité, postule l’hypothèse selon laquelle la femme serait une réponse à la problématique du développement. Confronté aux tensions politiques et économiques, aux poussées endémiques et épidémiques, le pays subit les assauts répétés d’une jeunesse avide d’un monde meilleur. 

Ce combat d’une vie, au prix, hélas d’une vie, est riche en rebondissements et chaque larme versée par cette femme, témoigne d’une bataille durement menée. Les larmes aux yeux et les armes à main, elle brave le silence coupable d’une tradition aux charmes désuets, le tout avec un parfum d’africanité.

 

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=36666

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 01:19

IMG 1205Est-elle si loin, l’époque de Kolwezi, quand la France parachutait la Légion sur le sud du Zaïre pour sauver un despote aux abois et affirmer la primauté de ses armes en Afrique francophone ?

C’était il y a 34 ans, et c’était la Guerre froide.

La page sanglante du néocolonialisme et de la Françafrique aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide. Malheureusement la réalité est tout autre.

Ensuite vient le Rwanda !

La Coopération militaire française est présente au Rwanda depuis 1975. A partir de 1990, pour mener la guerre contre le FPR, elle prend de fait le contrôle de l’armée rwandaise, dont elle décuple les effectifs. Les militaires français forment également la Garde présidentielle et les forces spéciales. Ils participent au fichage des opposants et des Tutsis, à l’embrigadement des civils, ainsi qu'à la formation des milices, instruments du futur génocide. Le plan d’extermination est connu des services secrets français, belges et américains, plusieurs mois avant sa mise en œuvre.

 

L’armée française allume le feu, elle l’attise et après vient jouer aux pompiers…

 

Depuis le fiasco politico-humanitaire sur fond de génocide au Rwanda, en 1994, et une critique acerbe du monde entier, la France s’interdisait de s’engager militairement sur le continent africain. Elle se limitait à des actions de coopération ou de soutien à des forces de paix régionales, ou à évacuer ponctuellement ses ressortissants - comme en 1997, sur les deux rives du fleuve Zaïre, lors de la prise de Kinshasa par les rebelles, puis durant la guerre civile à Brazzaville.

En théorie, l’armée française est sans reproches…

 

La France de Sarkozy a trouvé un nouveau stratagème : celui de signer une vingtaine d’accords de défense et de coopération avec ses anciennes colonies africaines, légitimant ainsi toute intervention militaire de sa part, sous couvert de venir en aide à ses ressortissants. Bref, il s’agit ici d’un post-colonialisme bien adapté aux circonstances régionales internationales de notre époque !

En l’espace d’un demi-siècle, l’armée française est intervenue près de quarante fois sur le sol africain. Ces opérations ont été des coups de force, devenus des symboles d’une certaine France-Afrique en kaki. Pourtant, le président Sarkozy a dit vouloir tourner la page en déclarant que « les temps ont changé et que la France n'a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique ». Seulement voilà, l’histoire contemporaine de la France en Afrique en témoigne autrement. Ainsi, un simple coup d’œil sur les interventions militaires françaises dans le continent africain révèle que leur principal objectif est de décider qui doit rester au pouvoir et qui doit partir pour préserver leurs intérêts face à la concurrence des pays asiatiques ou russes.

Quelques exemples : l’opération Tacaud au Tchad avait pour but de contrer l'avancée du Frolinat (Front national de libération du Tchad) de Goukouni Oueddei (Weddeye). L’opération Barracuda en Centrafrique a destitué le président Bokassa pour le remplacer par David Dacko et l’opération Manta au Tchad a mobilisé 4 000 soldats français pour soutenir le président Hissène Habré face aux rebelles de Goukouni Oueddei !

Tout récemment, la chute du régime de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, ce qui a permis de remettre en selle la diplomatie et l’armée françaises en Cote d’Ivoire.

Ne nous apprend t’on pas, dès le bas âge que « la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts » ?

Aujourd’hui, La France et le Sénégal ont signé un nouvel accord de défense, à Paris, a annoncé le président français Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse conjointe, à l’occasion de la visite du Chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, dans l’Hexagone, pour quelques millions d'euros d'aide. Encore la main de l'Afrique qui se tend. Vendre son honneur pour des miettes...

En 2011, la France avait vu ses effectifs militaires au Sénégal passer de 1200 à 300 hommes avec la création des éléments français au Sénégal (EFS), après le départ des Forces françaises du Cap Vert (FFCV), qui avaient été mises en place en 1974, au grand bonheur de tous ceux qui rêvent d’une totale indépendance du Sénégal.

 

La dissolution des FFCV faisait suite à la volonté exprimée en février 2010 par Abdoulaye Wade, de voir le Sénégal reprendre les bases françaises sur son territoire pour y exprimer sa « souveraineté ». Connaissant l’homme, il y avait certainement une volonté autre cachée, mais nous avions unanimement salué l’acte.

Alors que la France est présentée comme une puissance sur le déclin en Afrique, les dossiers libyen et ivoirien lui permettent de faire un retour en force sur le continent.

 

« Un drôle de vent tricolore semble souffler sur l’Afrique, alors même que tout le monde annonçait le déclin de la France sur le continent »

 

Ces doctrines et pratiques militaires françaises illustrent la permanence de l’idéologie coloniale aux plus haut niveau de l’État. Elles sont aussi peu à peu relégitimées sur le territoire national avec la nouvelle doctrine militaire française et au nom de la lutte contre le terrorisme et l’ennemi intérieur.

Ce qui est dommage, c’est que certains croient encore aux traditions et croyances du sauveur blanc.

J’ai lu quelque part, un bon ami, justifier la nouvelle présence de l’armée française par ce contrat de coopération, pour la « défense de la démocratie ». Je lui dirai tout simplement que c’est du néocolonialisme. Le Sénégal est devenu un maître de la démocratie. J’ajouterai que si la France s’est attardée en Cote d’Ivoire et en Libye, c’est qu’elle y avait des intérêts financiers.

À tous les partisans de la démocratie, de la souveraineté des peuples, de l’autonomie politique, de l’égalité et de l’équité, il incombe, en France comme en Afrique, la lourde tâche de s’organiser pour combattre la Françafrique. Notre liberté et notre dignité sont à ce prix.

 

 

 

 

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 05:18

 

 

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Que faire quand, vous sortez de chez vous, que vous voyez une personne âgée faire ses besoins, sous vos yeux, sur un mur où c’est bien écrit « Interdiction totale d’uriner, amende 5000 Fr ». Que vous essayez de lui expliquer l’infraction. Qu’il vous traite d’impoli et de mal-élevé. Il ne vous reste alors que le masla, même si, logiquement, vous avez la possibilité d’envisager une procédure.

Vous serez surpris, peut être comme moi d’apprendre qu’au Sénégal, une commission contre l’indiscipline existe. Je ne l’aurai jamais imaginé. Il a fallu, par curiosité, que je tombe dessus en m’amusant avec un livre sur l’Afrique et ses mœurs, à la bibliothèque…

La mise sur pied de la Commission de lutte contre l’indiscipline nationale n’a pas permis d’éradiquer le mal, ni même d’en réduire les effets. Le drame du bateau le Joola apporte une preuve macabre de cette indiscipline généralisée.

Alors qu’elle trouvait habituellement son terrain de prédilection dans les milieux urbains, cet indiscipline à la fois individuelle et collective étend progressivement ses tentacules, telle une pieuvre dans le monde rural. Elle se manifeste notamment par les retards désinvoltes aux rendez-vous, le grignotage des parcours de bétail officiellement délibérés à des fins culturales, le non-respect des délibérations du conseil notamment en matière foncière, la corruption, l’évasion fiscale etc. Le « je-m’en-foutisme » est devenu l’arme secrète pour surmonter les petits diktats du quotidien.

Le manque d’hygiène est également une manifestation et une conséquence de cette indiscipline, l’insalubrité qui règne au Sénégal en est le plus parfait exemple.
L’indiscipline est de nature à compromettre la marche du développement local. Elle favorise la confusion et rend les acteurs réfractaires à l’exigence d’ordre et de méthode dans la poursuite des objectifs fixés. Elle est encouragée par le masla.

A cause de lui, les cabines urinoirs installées à certains endroits de Dakar pour permettre aux populations de satisfaire leurs besoins sans grandes difficultés, moyennant quelques pièces d’argent destinées à l’entretien et au paiement des gérants, ne font plus recettes.

Malgré les mesures prises pour vivre dans un environnement salubre, certaines personnes continuent de fouler au pied les règles minimales d’hygiène. Elles transforment les abords de certains domiciles, écoles, hôpitaux, et autres lieux publics en véritable pissotière avec toute cette odeur pestilentielle qui rend moche le cadre.

S’il y avait une défense de masla, on ne verra plus les gens uriner dans la rue. C’est un délit puni par le Code de l’hygiène.

Il n’est pas aisé de définir d’une manière précise le masla. Si la langue officielle au Sénégal est le Français, la langue Wolof est parlée par 80 % de la .population. Le masla est une expression Wolof qui peut se traduire par la complaisance, le non dit, la tendance à tolérer l’injustice pour maintenir l’illusion de la paix, le refus de sanctionner et d’affronter la vérité.

 

 

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 05:05

 

« Ataya, ataya meunou mako bayi… » 

 843cLa jeunesse sénégalaise a tellement vibré aux rythmes de cet hymne du PBS, qu’on se demande s’il ne faudrait pas le remplacer avec notre hymne national, poétiquement écrit et qui parle de tout sauf du Sunugal…. 
L'ataya est sans aucun doute l'activité la plus controversée du pays, mais aussi le plus pratiqué au même titre que le ndéky, le agne et réér. Rare sont les familles qui ne s’adonnent pas à cette pratique. Pas un jour ne passe sans qu'un homme politique ou un père de famille, mécontent de voir des jeunes sans avenir, ne dénonce cette jeunesse qui passe son temps autour de la théière. Ceux qui travaillent dur se glorifient d'ailleurs de ne pas faire partie de ce qu'ils considèrent comme une peuplade inactive. 
Juste avant la fameuse dévaluation des début 90, il faut avouer que le phénomène de l’Ataya n’était pas connu du grand public. Les attroupements « atayesques » ont vu le jour au Sénégal avec la crise du CFA. Face à une crise de la jeunesse, le « warga Saddam » abonde le marché pour satisfaire une population gravement touchée par le chômage. Ce qui balaie d’un revers de main, ces préjugés qui font de l’Ataya, le résultat du chômage et d'une société urbaine en déliquescence que la cause de ces mêmes problèmes. Ce n’est pas pour rien, à la campagne, la jeunesse passe plus de temps à s’occuper des activités champêtres plutôt que de déguster les « trois normaux ».
IMAGE0036-copie-1.jpgA défaut d’aller au cinéma, à la plage, au stade, ce qui demande de l’argent que la jeunesse ne détient pas, l'ataya devient donc le seul moyen de meubler les longues après-midi en ville tout en générant un lieu de rencontre entre amis. Il faut dire que ce moment de convivialité ne coute pas grand-chose. La participation de chacun est donc assez faible. En général tous ceux qui sont présents avant la préparation ou tous les habitués participent financièrement à l'achat des différents ingrédients de l'ataya : le thé Saddam, le charbon du fourneau, le sucre et le naana. Les plus désargentés ne payeront pas obligatoirement.
Cette pratique de jeunes est très méprisée. Les gens y voient le désœuvrement ou la fainéantise d'une jeunesse qui ne trouve rien de mieux à faire.... 
En tout cas, « ataya mome, meunou mako bayi. »
Ce n’est pas que la jeunesse ne veut pas travailler, mais il n’y a rien à faire. Le chômage est si grave que seuls les « trois normaux », ourdi d’une belle discussion sur une mauvaise gestion du pays, faite par les gens d’en haut, me fait passer le dur quotidien.
Si mon ataya vous dérange tant, vous les gens d’en haut, trouvez moi du travail…

 

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 02:04

« Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, sont ceux qui nous ont colonisés, ce sont ceux-là même qui géraient nos états et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins.

Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer… »

C’est en ces mots que le Capitaine Isidore Dieudonné Thomas Sankara avait entamé son discours sur la dette de l’Afrique le 4 octobre 1984 à Addis Abéba.

Presque 25 ans plus tard,  ces mots sonnent comme une vérité indubitable et sont plus que jamais d’actualité. Cet endettement des pays africains constitue pour eux un goulot d'étranglement sur le chemin du développement.

De façon synoptique, la dette extérieure regroupe l'ensemble des emprunts faits par des agents économiques d'un pays vis-à-vis de prêteurs étrangers. Dans le passé, les pays qui ne parvenaient pas à générer une épargne intérieure suffisante pour financer leur essor économique ont recherché des fonds auprès d'autres pays. Ce qui est le cas de la majorité des pays africains.

La rareté des revenus par la faute des remboursements de la dette en parti, les programmes de développement et les services sociaux ont été sérieusement perturbés. En trente ans, les pays africains ont vu plus de 400 milliards de dollars quitter le continent, alors que la dette globale de l'Afrique est de 215 milliards de dollars. La dette provoque donc une véritable hémorragie de capitaux pour les pays les plus pauvres, les privant de ressources nécessaires à la satisfaction des besoins humains fondamentaux. La dette opère donc plus qu’une ponction insupportable sur les budgets des pays du Sud, les empêchant de garantir des conditions de vie décentes pour leurs citoyens. En moyenne, 38 % des budgets des pays d'Afrique subsaharienne vont au remboursement de la dette. Il est immoral de demander en priorité le remboursement de la dette pour des créanciers aisés ou des spéculateurs plutôt que la satisfaction des besoins fondamentaux. Pour se procurer les devises nécessaires au remboursement de la dette ou se maintenir au pouvoir, les gouvernements sont prêts à surexploiter et à brader les ressources naturelles, à mettre en péril la biodiversité, à favoriser la déforestation, l'érosion des sols, la désertification. En Afrique, 65 % des terres cultivables ont été dégradées au cours des cinquante dernières années

Depuis les années soixante, la France confisque l'indépendance de ses anciennes colonies africaines en y maintenant un système d'exploitation clientéliste et néocolonial.

On profite ainsi de la dette pour recoloniser les secteurs clés, on privatise, on en fait profiter les mêmes entreprises (Orange, Bolloré et compagnie…)

Il est inacceptable que les puissants du Nord demandent des centaines de millions de dollars chaque jour au Sud pour le paiement d’une dette qui a été formée lors de relations économiques injustes, qui ont appauvri le Sud et enrichi le Nord. L’endettement prive les peuples d’Afrique de leurs droits fondamentaux : droit à l’indépendance, droit à l’autonomie politique mais aussi droit à la santé, à l’éducation et aux autres biens essentiels et services de base.

La crise de la dette n’est pas seulement un problème financier pour les pays du Sud. C’est aussi un problème politique basé sur des relations de pouvoir inégales. Le mécanisme de la dette continue d’être utilisé comme un instrument de contrôle au travers des conditionnalités des prêts et des annulations de dette. C’est une arme utilisée par les pays prêteurs et les institutions pour faciliter l’entrée des multinationales, pour renforcer leurs stratégies militaires et leurs politiques étrangères, pour assurer la sécurité des contrats favorables aux multinationales, pour promouvoir l’extraction des ressources naturelles des pays emprunteurs.

C’est aussi une responsabilité du Nord : son inconscience, ses intérêts, ses prêts irresponsables ont favorisé cette crise. Les gouvernements riches, les multinationales, et les institutions comme le FMI, la Banque mondiale, l’OMC doivent reconnaître leurs responsabilités pour le rôle qu’ils ont joué dans la création et la poursuite de cette situation.

Nous reconnaissons aussi le rôle des gouvernements corrompus du Sud dans la création de cette dette. Ces gouvernements doivent restituer ces sommes volées aux peuples exploités du Sud.

Dans un souci de justice, nous appelons les gouvernements du G8 et les autres créanciers à analyser leurs comptes et à reconnaître leurs responsabilités !!!

Nous savons que notre force repose sur l’engagement et la détermination des mouvements sociaux, campagnes et individus qui travaillent solidairement à travers le monde. Nous, peuples, organisations, mouvements du Sud et du Nord, sommes déterminés à travailler et élever nos voix jusqu’à ce que notre appel pour la fin de la domination de la dette se réalise enfin.

Les souffrances humaines ont été causées par l’exploitation historique et continue des pays du Sud, le déséquilibre du pouvoir politique et économique et le ravage écologique dicté par des intérêts commerciaux et les politiques des gouvernements et institutions du Nord. Nous affirmons que le Sud est créancier d’une énorme dette historique, sociale, culturelle, politique et écologique. Cela doit être connu et faire l’objet d’une réparation et d’une restitution.

Nous exigeons des relations économiques justes entre les pays et à l’intérieur même de ces pays. Nous n’appelons pas à des initiatives contrôlées par les pays prêteurs pour faciliter la circulation des capitaux des pays pauvres, ou pour un allègement de dette sous conditions imposées par les institutions du Nord. Nous appelons les pays riches et puissants du monde à reconnaître qu’ils ont bénéficié de l’exploitation du Sud et ont échoué dans leur prise de responsabilité. Nous affirmons le droit des peuples à obtenir des gouvernements qu’ils rendent des comptes sur les tenants et aboutissants de leur dette. Nous appelons à des audits officiels et citoyens de la dette ainsi qu’à un audit citoyen des institutions financières internationales. Nous appelons à un contrôle social systématique de l’endettement public. Nous appelons à l’annulation inconditionnelle de la dette, à des restitutions et à des réparations. Nous soutenons les gouvernements qui ont choisi de répudier cette dette illégitime. Nous appelons à l’annulation totale de cette dette odieuse, illégitime, injuste et impayable.

La génération actuelle ne peut accepter cette commémoration du passé. Tout d'abord, l'argument « quand on a des dettes, on les paie » ne tient plus dans le cas des pays africains, car la situation de crise a été déclenchée par des facteurs extérieurs indépendants de leur volonté comme la hausse des taux d'intérêt ou le chute des cours des matières premières. De surcroît, cette dette est largement immorale car elle fut souvent contractée par des régimes non démocratiques, voire dictatoriaux, qui n'ont pas utilisé les sommes reçues dans l'intérêt de leurs populations. Les créanciers ont prêté en connaissance de cause, pour leur plus grand profit, ils ne sont donc pas en droit d'exiger des peuples qu'ils remboursent. Le prix Nobel Wangari Maathai, déclarait ceci « Ce n'est un secret pour personne qu'un grand nombre de prêts a été octroyé à plusieurs dirigeants dictateurs, irresponsables en Afrique et ailleurs, et que l'argent n'a jamais profité à ceux à qui c'était destiné »

« Comment pouvez-vous punir les pauvres citoyens, qui n'ont jamais été consultés au sujet des prêts, qui ont été utilisés pour les opprimer, pour renforcer les élites au pouvoir se montrant coopératives, et pour exploiter les ressources au détriment de la santé, de l'environnement et du bien-être des populations? Ces dettes ont été non seulement mal conclues, mais sont illégitimes ». La gestion de la dette, estiment des experts, a réduit les budgets des pays en développement. Il n'y a pas assez d'argent pour permettre aux gouvernements de fournir correctement les services de base dont l'éducation et la santé. Si les dettes sont annulées, l'Afrique et d'autres nations pauvres auront plus de souveraineté pour décider de leurs propres mécanismes de développement, étant donné que les conditions qui ont précédemment été liées aux prêts ont maintenu les nations pauvres à la merci des nations riches. Depuis 1980, la dette extérieure publique (c'est-à-dire contractée par les pouvoirs publics ou garantie par eux) à long terme de l'Afrique a continué sa progression effrénée. Celle de l'Afrique subsaharienne a été multipliée par 4, passant de 45 milliards de dollars en 1980 à 175 milliards en 2003. La dette extérieure publique de l'ensemble de l'Afrique est donc passée de 89 milliards de dollars en 1980 à 250 milliards en 2003. Suite aux plans d'ajustement structurel imposés par le FMI, l'essentiel de la politique économique des pays du Sud est décidée à l'extérieur du pays concerné, notamment à Washington, à Londres, à Paris ou à Bruxelles . Déjà, la dette a été remboursée plusieurs fois : pour 1 $ dû en 1980, les Etats africains ont remboursé 4 $ mais en doivent encore 2,5 ! Elle a donc cessé de faire l'objet d'un remboursement équitable dans des conditions régulières, pour devenir un instrument de domination implacable, dissimulant racket et pillage. Tout compte fait, la dette organise un transfert de richesses des populations du Sud vers leurs riches créanciers. Le droit international reconnaît la nécessité de prendre en compte la nature du régime qui a contracté les dettes, et l'utilisation qui a été faite des fonds versés. Cela implique une responsabilité directe des créanciers. Ainsi, si un régime dictatorial est remplacé par un régime légitime, ce dernier peut prouver que les dettes n'ont pas été contractées dans l'intérêt de la nation ou l'ont été à des fins odieuses. Dans ce cas, elles peuvent être frappées de nullité et les créanciers n'ont qu'à se retourner vers les dirigeants de la dictature à titre personnel. Dans tous les cas, les pays africains devraient cesser de payer ces dettes fallacieuses et immorales. Thomas Sankara rappelait à propos à la tribune de L'OUA le 29 juillet 1987 « Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n'avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu'au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c'est-à-dire la dette de sang. C'est notre sang qui a été versé. On parle du Plan Marshall qui a refait l'Europe économique. Mais l'on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l'Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacées, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l'Europe ? C'est l'Afrique. On en parle très peu. »

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Profil

  • DIAGNE Abdou
  • Abdou Diagne est né à Dakar. Après avoir obtenu son baccalauréat au Sénégal, il débarque à Strasbourg pour poursuivre des études en sociologie, puis à Paris, en science politique à la Sorbonne. Son premier amour reste la littérature fran
  • Abdou Diagne est né à Dakar. Après avoir obtenu son baccalauréat au Sénégal, il débarque à Strasbourg pour poursuivre des études en sociologie, puis à Paris, en science politique à la Sorbonne. Son premier amour reste la littérature fran