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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 12:24
ASSISES DE RUFISQUE, LES 7 RAISONS D’UN ECHEC QUI S’ANNONCE

“Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.” Tel est l’adage du jour. Alors levons nous…

Il y a quelques mois se décidait près du rive des bras ballants de Coumba Lamb, là-bas, sur l'esplanade du quartier Thiawlène, un quartier qui dit bien son nom « thiaaw lène » (tapez les), l’éducation qui père voudrait bien donner à un enfant bientôt millénaire. Que l’histoire le retienne comme tel ou pas, Rufisque n’est une ville nouvelle. Après le « piquenique » trompe œil de Thiawlène suivi d’un long exercice de consultation qui ne porte que le nom pour faire le bilan d’une longue vie de mascarade économique, sociale et institutionnelles et définir de nouvelles orientations capables de changer durablement l’avenir, il faut constater que, la réflexion inclusive de la ville de Rufisque, rien ne s’annonce.

Définissons…

Le terme même d’assises est trompe œil.

D’un bout de réflexion, du verbe s’asseoir, il signifie dans son transitif « Mettre quelqu'un sur son séant en le plaçant sur un siège ou sur une autre chose » et dans son intransitif « Faire asseoir quelqu'un, l'inviter à prendre un siège »…pour faire dans le vulgaire, poser ses fesses.

D’un autre bout, le terme désigne aussi un Congrès, une réunion plénière où est rédigé un acte législatif sous forme d'instructions à appliquer.

Prions pour que ce ne soit pas la première définition. Ce serait paradoxal de passer de Tenguej Jogna à Tenguej Togna.

Certes les conclusions sont à attendre, mais nous laissent-il vraiment un faible espoir de réussite. Je serai des plus heureux si demain, M. El Hadji Ibrahima Sall, l’homme prodige qui a pour mission, avec ses nouveaux amis, de réfléchir sur les différents problèmes de la ville et de leur trouver des solutions, comme il nous l’est présenté, nous font l’esquisse d’un plan de développement durable de la ville pour les vingt prochaines années.

Comment ? Une esquisse ?

Mon voisin me dit que nous ne voulons pas d’un tableau, l’ère des leurres est révolue. Nous voulons du vrai.

Il faut alors se demander si la promesse des assises est sur la voie de de la réussite tout simplement ? Les constats suivants ne forcent guère cette réflexion.

En premier lieu, rien ne filtre. Le citoyen ordinaire ne peut énoncer une seule orientation majeure des assises. Aujourd’hui Il n’existe pas une centaine de rufisquois qui peuvent dire quel est le contenu de ces consultations, malgré l’assentiment général positif qui a accompagné l’exercice très médiatisé des assises. Ce n’est pas rien pour des consultations d’essence populaire. Aux dernières nouvelles, la date de clôture des assises arrive à grand pas et aucune consultation sérieuse n’a encore vu le jour. A moins qu’elles ne se fassent sur les réseaux sociaux. Un conseil, le Groupe WAKH SA KHALAAT devrait faire l’échantillon.

En second lieu, mêmes les parties prenantes des assises n’ont pas la même compréhension du contenu des assises. Quand les communes que composent Rufisque ont déjà leur Plan de Développement Communal, hormis l’Ouest qui y travaille durement avec son fameux Cadre de concertation, il est bon de se demander la valeur qu’aura ce bout de papier qui naîtra des assises.

Comme troisième constat, notons l’absence notoire du Nord et du parti au pouvoir. Eh oui, les apéristes risquent de rater encore une fois une occasion de montrer aux rufisquois qu’ils ne sont intrinsèquement intéressés que par la destinée de notre ville. M. Mané et Mamaya Sène, « maires » de Rufisque Nord et M. Souleymane Ndoye, maître contesté du Département ont brillé par leur absence. Le Grand rassemblement rufisquois tant attendu n’a pas eu lieu.

Le quatrième constat relève de la place de choix qu'occuperait la conclusion des assises dans les dispositifs idéologiques et agendas portés par les acteurs politiques. Je ne peux m’empêcher de citer de noms. Je présente d’avance mes sincères excuses à ces messieurs. Je les cite souvent parce qu’ils ont eu l’audace de proposer une vision d’avenir de Rufisque. Je peux ne pas être d’accord avec leurs visions, mais ils méritent du respect. Dr Diouf et M. Cisse sont, il faut se l’avouer, les hommes forts du quinquennat de M. Daouda Niang. Ils ont tous les deux le mérite d’avoir présenté de très bons programmes lors des précédentes élections. Quelles valeurs auront la conclusion des assises à leurs yeux ? Ou vont-ils juste mettre aux oubliettes leurs fameux programmes ? Je vois d’ici la tête de ceux qui les accompagnent depuis des lustres dans la réflexion et la confection de leur programme respectif.

Le cinquième élément est que les bons senteurs d’un met en fin de cuisson ne caressent jusqu’à présent pas nos narines. Les premiers jours des assises ne semblent fournir aucune réponse devant les enjeux actuels qui se posent aux populations. Aussi bien sur la demande sociale que sur l’emploi et la croissance, les conclusions des assises se font attendre. En attendant la délivrance, les ambulants sédentaires du marché sont priés de plier bagages, d’entrer en Jeun, en espérant que leurs factures et loyers feront de même. Il me sera difficile de trouver les mots justes pour soutenir ces lascars… Les employés municipaux rabibochent à longueur de journée que les ambulants ne sont pas à plaindre, ils sont tous dans l’illégalité. Pour une fois, ils ont raison. Pour leur gouverne, c’est dans cette illégalité qu’ils ont payé des « impôts » depuis des décennies… Si illégalité il y a, c’est certainement dans les deux sens.

Le sixième élément est que les assises risquent d’être figer par un esprit de travail achevé. Convaincus par la beauté de l’œuvre, il ne sera pas rare d’entendre dire que les assises ont tout réglé. Ce dernier élément n’en est pas le moindre mal. Il renforce le piège d’un ghetto intellectuel, un cercle d’initiés convaincus, éblouis par la pertinence de leurs produits, mais ainsi figés et isolés de la réalité des repères totalement différents de la masse des citoyens qui ne pensent pas leur quotidien ou même le futur de leur ville par rapport aux assises. Quand on regroupe l’intelligencia rufisquois, il ne faut pas s’étonner que notre quotien soit regardé de haut. Cette mentalité de ghetto fera certainement que certains verront dans un tel article une impertinence pour ne pas dire un crime de lèse-majesté que de s’interroger sur le succès ou l’échec des assises. Si cette impertinence peut permettre de rectifier avant que cet échec ne soit réel, elle aura eu tout son mérite.

Septième et dernier élément, il faut bien que je m’arrête un jour. Je fustige l’argumentaire d’Omar Faye, Issa Thioro et Souleymane Gueye Cissé. Ces détracteurs des assises n’ont rien compris. Je peux accepter une critique adossée à la forme, mais pas sur le fond. Il est grand temps que Rufisque marche à l’unisson. Il y a certes des voies plus appropriées et moins coûteux pour aller vers l'élaboration d'un Plan de Développement Local, mais ce plan, il nous le faut. Quand je les entends dire que les "assisards" ne connaissent pas Rufisque et ses problèmes ou que tout simplement, certains ne sont pas des rufisquois, j’en ai les larmes aux yeux, tellement je ris. Je suis un fervent défenseur des Assises et pourfendeur des nihilistes politiques. A ceux-là, je sers un extrait de mon premier roman, Retour au pays, entre rêve et cauchemar.

Je suis

Stupéfait par ces gens qui critiquent,

Qui proposent,

Qui parlent de révolution,

Oui bien de révolution !

Et qui ne rêvent que d’une chose, c’est de voir « le patron »,

D’entrer en grâce ou de prendre sa place.

On est contre, on est avec le pouvoir,

On le soutient, on le combat, on se laisse corrompre, ou l’on résiste,

Et voilà !

Tout le débat, souvent, s’arrête là.

Les grandes questions de société, les questions cruciales de développement passent au second plan.

Le pourquoi de la désorganisation, de l’absence de progrès vient après.

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commentaires

C
Que des vérités...Je suis bargnois mais jepartage votre pensée. Le plus difficile ce sera que les acteurs de ces assises reconnaissent ces tares...
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M
Époustouflant Diagne, vous êtes un analyste sans pair...J'ai lu et relu à plusieurs reprises votre texte, c'est comme si vous m'aviez tiré les mots de la bouche. Merci
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Profil

  • DIAGNE Abdou
  • Abdou Diagne est né à Dakar. Après avoir obtenu son baccalauréat au Sénégal, il débarque à Strasbourg pour poursuivre des études en sociologie, puis à Paris, en science politique à la Sorbonne. Son premier amour reste la littérature fran
  • Abdou Diagne est né à Dakar. Après avoir obtenu son baccalauréat au Sénégal, il débarque à Strasbourg pour poursuivre des études en sociologie, puis à Paris, en science politique à la Sorbonne. Son premier amour reste la littérature fran