Réponse à Monsieur Alain Marx, consul honoraire du Sénégal à Strasbourg

COLLECTIF DES SENEGALAIS DE  STRASBOURGPOUR LE DEPART DU CONSUL HONORAIRE  DE STRASBOURG                                                                                            

Strasbourg  le 23 mars 2011

 

En réaction à notre exigence de votre démission, vous avez pris le pari de la victimisation non sans rappeler que vous êtes  le seul consul honoraire du Sénégal en France qui ait été nommé à la demande de la communauté sénégalaise.

Il est vrai, vous avez été désigné par la communauté sénégalaise pour représenter ses intérêts en Alsace il y a de cela quelques années. Pour autant, ce fait ne saurait, à lui seul, vous donner une quelconque légitimité en 2011. Il ne saurait, non plus, justifier vos abstentions coupables et vos agissements irresponsables dont la même communauté qui demande votre départ depuis 2001, est de plus en plus victime. Nous croyons, par contre, que ce fait et la décence devraient vous inviter à plus de retenue. Vous parlez en toute légèreté de discrimination relativement à votre personne dans le seul dessein de jeter le discrédit sur notre action, ce n’est pas brillant. Invoquer la discrimination, c’est méconnaître le peuple sénégalais dont vous êtes censé représenter les intérêts en Alsace. Il suffit, en effet, d’un minimum de connaissance du Sénégal pour savoir que nous avons été éduqués dans l’acceptation de la différence.

Forts des valeurs de tolérance et d’hospitalité donc, nous ne saurions, pour quels que motifs que ce soient, nous engager dans des actions aux fondements discriminatoires. Nous en voulons pour preuve la lettre datée du 14 mars 2011, adressée au Président de la République du Sénégal. C’est dire que, si vous nous cherchez sur le terrain de la discrimination et du rejet de la différence, vous ne nous y trouverez pas. Nous vous laissons vous y aventurer misérablement seul, désespérément seul.

Non, monsieur Marx, c’est une grave question de principe qui nous soulève et motive tout notre combat ; nous ne vous reprochons rien de personnel. Ce que nous vous reprochons, c’est de ne plus défendre nos intérêts.  Ce que nous vous reprochons, c’est d’avoir manqué à votre mission d’administration et d’assistance juridique des sénégalais. Ce que nous vous reprochons, en définitive, c’est d’avoir perverti votre fonction.

Voilà pourquoi avez-vous vu les associations et les individus se consacrer à ce combat. Ce combat, ce n’est ni le combat d’un homme, ni celui d’un groupuscule. C’est celui de toute la communauté sénégalaise réunie en un collectif dont monsieur Ismaila Diop est le vaillant et honnête porte-parole. Et soyez-en assuré. Il n’y aura ni répit ni recul tant que nos revendications ne seront pas satisfaites.

 Et puisque vous invoquez les traités en vigueur, notamment la convention signée entre le Sénégal et la France le 23 septembre 2006 et modifiée le 25 février 2008, pour tenter de justifier vos agissements irresponsables, parlons-en. 

En adultes responsables, nous ne pouvons pas vous reprocher d’avoir appliqué, pour ce qui relève de vos compétences, une convention que le Sénégal a conclu avec la France. Ce que nous vous reprochons, c’est justement d’en faire une application arbitraire qui soulèverait toute personne éprise de justice.

En vertu de l’article 4 de cette convention, le Sénégal accepte  de recevoir sur son territoire, à la demande de la partie française, toute personne en situation irrégulière sur le territoire français pour autant qu’il est établi qu’elle possède la nationalité sénégalaise. Cette nationalité est présumée établie - et ce n’est qu’une simple présomption -, sur la base des documents clairement énumérés dans la convention. Donc,  la preuve doit être apportée par des documents officiels, des documents, rien que des documents!

Ce n’est qu’en cas de doute sur la nationalité de l’intéressé à l’issue de l’examen de l’une des pièces qui vous sont fournies aux fins d’identification, qu’il vous est donné la faculté de procéder à l’audition de l’intéressé, et seulement lui. Il ne vous est guère demandé d’interroger des sénégalais de passage dans vos bureaux, encore moins les appeler pour vous convaincre de l’origine sénégalaise de son patronyme.

Non, monsieur Marx, nous ne pouvons pas vous laisser collaborer de la sorte avec la police. Votre acharnement troublant dans l’identification des personnes en situation irrégulière en a fait expulser arbitrairement certaines sous une fausse identité et d’autres, étrangères, au Sénégal. Combien de personnes de type sahélien seront encore victimes de vos procédés ou l’ont déjà été ? Nous ne le saurons jamais. Avec vos méthodes, c’est toute la communauté noire africaine de Strasbourg qui est aujourd’hui mise en danger par un consul du Sénégal. Et cela nous est tout simplement intolérable, insupportable.

Voilà pourquoi le collectif exige votre départ immédiat, et sans condition.

COLLECTIF DES SENEGALAIS DE POUR LE DEPART DU CONSUL HONORAIRE DE STRASBOURG                                                                              

Sunugal.senegal@gmail.com